LES INSTITUTS SECULIERS A LA LUMIERE D’EVANGELII GAUDIUM SORTIR DANS LE MONDE, PAR MGR JOSE RODRIGUEZ CARBALLO

Dans les pages de L’Osservatore Romano en italien daté du 22 juillet 2017, le secrétaire de la Congrégation pour les instituts de vie religieuse et les sociétés de vie apostolique, Mgr José Rodrigues Carballo, part de l’exhortation apostolique Evangelii gaudium pour rappeler un principe qui concerne « tout le peuple de Dieu » : « sortir vers les périphéries du monde »
“Evangelii gaudium part d’un principe clair : l’Église est appelée à « sortir » pour annoncer l’Évangile à tous, en tous lieux et en toutes occasions, sans retard et sans peurs. Il s’agit de se mettre en situation de « sortie », d’aller au-delà, de se tenir là où tout se joue […]
Dans ce contexte, le pape François nous rappelle que l’Église est appelée à prendre l’initiative, à s’impliquer, accompagner, faire fructifier et fêter. Ce sont les verbes propres de la sécularité. La consécration séculière pousse à vivre jusqu’au fond la spiritualité de l’exode et de l’hospitalité. Spiritualité de l’exode qui permettra de chercher à tout moment les signes, très souvent cachés, de la présence du Seigneur dans l’histoire et, d’autre part, d’assumer l’audace et la créativité comme compagne sur le chemin, abandonnant le critère commode du « on a toujours fait comme cela ». Spiritualité de l’hospitalité, qui poussera à ouvrir son cœur à toutes les vicissitudes de l’homme et de la femme d’aujourd’hui pour pouvoir les éclairer de la lumière de l’Évangile. La prophétie de la consécration séculière est incompatible avec la crainte des lieux et situations à risque. Au contraire, ce sont précisément ces situations qui sont propices à une telle consécration, de sorte qu’en elles les membres des instituts séculiers puissent lire et collaborer à l’accomplissement de l’histoire du salut, justement à partir d’elles, là où la personne souffre de l’exclusion, de la souffrance et où elle est privée de sa dignité. […]
Sortir passe par se laisser interpeller par la réalité, s’ouvrir et mettre en œuvre des processus de discernement pour comprendre où et comment aller. […]
Celui qui sort peut se tromper, mais celui qui ne sort pas s’est certainement déjà trompé. La sortie peut assumer le risque du provisoire et de l’urgence, implique d’assumer l’incertitude du moment et du chemin. En définitive, la sortie comporte la foi […]
La consécration séculière met dans une situation constante de « risque », appelle à « habiter » n’importe quelle situation de « fragilité », à être très attentif à toutes les fragilités qui nous entourent et à les transformer en espaces de bénédiction. La dimension missionnaire est pleinement insérée dans la consécration séculière, sachant que la mission consiste à se consacrer au projet de Dieu dans l’histoire, tandis que la dimension séculière consiste à l’habiter. C’est à partir de cette situation qui, pour les séculiers, est un véritable état de vie, qu’il faut annoncer l’Évangile aussi dans les situations sociales à « risque ». Dans ce contexte, la prophétie consiste à secourir sans juger ; en soulignant le positif qui est dans toute situation ; en « n’ayant pas peur de la tendresse » […]
Pour le croyant, il n’y a pas de motif de découragement, de pessimisme, de désespoir. Il n’y a pas de motif de « mécontentement chronique », d’une « acédie qui dessèche l’âme », il n’y a pas d’excuses pour que l’Évangile reste enterré. À tout moment, nous sommes appelés à « veiller », à « rester éveillés », à nous réapproprier notre vocation et notre mission de « sentinelles dans la nuit ». C’est seulement ainsi que la vie consacrée sera une école prophétique d’espérance pour ceux qui l’ont perdue et qu’elle pourra éclairer l’avenir de l’humanité. Dans les relations séculières les plus diverses, le premier impact vient de la capacité d’irradier sérénité, confiance, enthousiasme, espérance. L’espérance du chrétien et du consacré séculier n’est pas le fruit de la fugue des problèmes du quotidien, mais elle est certitude, même dans l’épreuve, que l’amour de Dieu nous rejoint, nous implique et nous sauve. Le Christ est la réalité ultime qui illumine toutes les réalités et toutes les relations. Ancrés dans la foi dans le Christ mort et ressuscité, le consacré séculier est appelé à être prophète d’espérance en l’irradiant et en la rendant contagieuse. Tel est le visage que veut le pape François pour l’Église. En cela, les instituts séculiers doivent être en première ligne. “